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Libération
Récit

Shanghai dote ses travailleurs ruraux d’un permis à points

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Chinois de deuxième classe, les «mingongs», des ouvriers venus s’installer en ville, se sont vu remettre lundi un titre de séjour censé les aider à changer de statut. La mesure renforce en réalité un système ségrégationniste.
Un dortoir d’ouvriers du bâtiment travaillant sur l’exposition universelle de Shanghai, en 2009. (Photo Reuters)
publié le 2 juillet 2013 à 20h06

Pour devenir citadin, il faut le mériter. La municipalité de Shanghai a commencé à appliquer lundi un système de permis à points pour permettre aux travailleurs migrants issus des campagnes de devenir un jour légalement shanghaïens. Les autorités chinoises, qui veulent faire passer le nombre d’habitants des villes de 675 millions à 945 millions en 2025 - sur une population totale de 1,35 milliard d’individus - pourraient généraliser la mesure à l’ensemble du pays.

«Transparents». «Est-ce que ça va m'aider à bénéficier des droits dont jouissent les citadins ? J'en doute, mais on verra, dit Lin Qing, un jeune migrant de la province du Henan, où il a laissé toute sa famille qu'il ne retourne voir qu'une fois tous les deux ans. Quand on marche dans la rue, les citadins nous regardent sans nous voir, comme si nous étions transparents… A leurs yeux, nous ne sommes que des "coolies" qui bâtissent des immeubles et qui feraient mieux de rentrer chez eux une fois le boulot terminé.» Environ 34 millions de personnes vivent à Shanghai, mais seulement 24 millions y résident légalement. Le reste, ce sont des mingongs, des ouvriers d'origine paysanne qui, bien qu'habitant la ville depuis de nombreuses années, demeurent des ruraux. Même s'ils disposent d'un permis de séjour délivré à condition d'avoir un emploi, les détenteurs d'un hukou (autorisation de résidence) peuvent à tout moment, et sans raison particulière, êt