Spécialiste du Moyen-Orient et de la Turquie, Jean Marcou, professeur à Sciences-Po Grenoble, vient de publier la Nouvelle Egypte (Cavalier bleu), pays qu'il connaît bien pour avoir enseigné à l'université du Caire entre 2000 et 2006. Il est aussi co-responsable de l'Observatoire de la vie politique turque (Ovipot).
Un coup d’Etat militaire peut-il aider la démocratisation en Egypte ?
Il faut évaluer au cas par cas. En Egypte, le blocage politique total et la faillite économique ont relégitimé pleinement l’armée, qui apparaît comme un médiateur aux yeux d’une bonne partie de la population. Elle avait déjà joué ce rôle de garant du système entre la chute de Hosni Moubarak en février 2011 et l’élection de Mohamed Morsi en juin 2012. Beaucoup de ceux qui manifestent aujourd’hui contre Morsi étaient dans la rue il y a un an pour demander la fin de la tutelle militaire.
Il est encore difficile d’évaluer ce que fera l’armée. Se contentera-t-elle d’un rôle d’arbitre et d’encadrement, traçant une feuille de route pour le retour à la démocratie et fixant des lignes rouges aux hommes politiques civils ? Sera-t-elle contrainte de s’impliquer plus ? Elle est un Etat dans l’Etat qui tient à préserver ses privilèges. Mohamed Morsi fut adoubé il y a un an par une nouvelle génération d’officiers ravis d’arriver aux commandes, après qu’il eut contraint à la démission le maréchal Tantaoui et ses pairs, qui géraient le pays depuis la chute de la dictature. Ces militaires