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Libération
Reportage

Le Caire entre joie et gueule de bois

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La destitution du Président a été célébrée par une nuit de liesse. Les partisans de Morsi, eux, semblaient abasourdis.
publié le 4 juillet 2013 à 21h06

Ils ont les mines fatiguées de ceux qui ont passé une trop longue nuit. Quelques centaines de personnes seulement se sont réunies hier en début d'après-midi sur la place Tahrir, symbole de l'opposition au pouvoir égyptien, de Hosni Moubarak à Mohamed Morsi. Un groupe de femmes et de jeunes filles s'est posté devant l'estrade, séparé des hommes par deux cordes vertes. Sur le podium, le peintre Falah Anani parle d'une voix fatiguée, que la sono peine à faire porter. «La route est encore longue, mais nous nous sommes remis sur la bonne voie. Nous pouvons repartir. La priorité est de retrouver nos vies, d'avoir du pain et de travailler. Nous réussirons, il ne faut pas en douter !» Des familles, venues se faire photographier devant l'estrade, font tournoyer leur drapeau aux couleurs de l'Egypte en applaudissant. Le brouhaha ne réveille pas les activistes, profondément endormis sous leur tente.

Le Caire a eu du mal à émerger hier, après la nuit historique de mercredi à jeudi qui a vu le président Morsi perdre le pouvoir, renversé par un coup d’Etat militaire qui n’a pas dit son nom. La soirée, de liesse pour une majorité, de dépit pour les autres, s’est prolongée jusqu’à l’aube. A 3 heures du matin, les rues du centre de la capitale étaient toujours bondées, remplies de jeunes qui couraient, se bousculaient et faisaient résonner sifflets et vuvuzelas. Les feux d’artifice et les pétards se répondaient d’un quartier à l’autre, claquant au milieu des klaxons et des autoradios