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Interview

«Pour les Hongkongais, Tiananmen est l’irruption de l’inquiétude»

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Seize ans après la rétrocession à la Chine continentale, le géographe et sinologue Thierry Sanjuan analyse les relations que l’île entretient avec Pékin :
publié le 5 juillet 2013 à 19h06

Il y a presque trente ans, la Chine et le Royaume-Uni signaient un accord pour une rétrocession en 1997 de Hongkong au bénéfice de la Chine continentale. Auteur de nombreux ouvrages sur la Chine (1), Thierry Sanjuan, spécialiste de géographie urbaine et sociale, explique ce que devient ce territoire atypique : ville mondialisée ou plus grande ville de Chine du Sud ?

Quels sont les changements majeurs depuis 1997 ?

La rétrocession n’est qu’un transfert de la souveraineté politique. Dès les années 80, Hongkong est, pour la Chine continentale, une fenêtre économique sur le monde. Ni le départ des Britanniques ni la venue d’un pouvoir communiste ne changent quoi que ce soit à son évolution sur le temps long. Hongkong reste avant tout une place financière, tertiaire et portuaire de premier rang. La date la plus importante pour l’île est celle des événements de la place Tiananmen, le 4 juin 1989.

Pourquoi ?

Ce fut l’élément déclencheur de la prise de conscience politique des Chinois de Hongkong. En effet, jusqu’aux années 90, la capitale coloniale, Londres, traitait directement avec Pékin. Les Hongkongais se définissaient par rapport aux Britanniques, qui les avaient accompagnés dans la croissance et le développement depuis le traité de Nankin, en 1842. Mais la Grande-Bretagne demeurait une puissance coloniale. Revenir à un pouvoir chinois semblait donc légitime. En juin 1989, les Hongkongais prennent conscience du régime qu’ils s’apprêtent à rejoindre. Les jeunes générations sont nées à Hongkong, elles ne connaissent pas vraiment la républi