Il y a moins d'une semaine, la place Tahrir était en liesse et de nombreux Egyptiens célébraient dans la joie l'éviction de Mohamed Morsi, synonyme à leurs yeux de nouvelle révolution. Six jours et une centaine de morts plus tard, voilà le pays replongé dans l'extrême violence, dans ce «tunnel sombre de conflit et de troubles» que l'armée entendait justement éviter par son intervention.
«Massacre». Hier à l'aube, plus de 50 manifestants pro-Morsi sont tombés sous les balles des militaires (lire ci-dessus), à proximité du campement de Rabaa qu'ils occupaient depuis une semaine en réclamant le retour du président. N'hésitant pas à parler de «massacre», le parti salafiste Al-Nour a aussitôt annoncé qu'il quittait la coalition en charge de mettre en place un gouvernement de transition.
Seule force islamiste au sein d’une alliance à dominante laïque, Al-Nour, qui n’a pas participé aux manifestations du 30 juin, se trouvait depuis quelques jours entre le marteau et l’enclume. Les salafistes étaient accusés de trahison par les autres islamistes et certains membres du parti avaient même décidé de rejoindre le camp des pro-Morsi. Al-Nour s’était déjà opposé, samedi, à la nomination de Mohamed el-Baradei à la tête d’un gouvernement de transition au motif que ses orientations laïques mettaient en péril l’identité islamique du pays.
Distances. La vie politique égyptienne apparaît désormai