Dans les beaux quartiers de São Paulo, on les repère à leur couleur de peau et leur tablier. Ce sont les domésticas, des femmes noires pour la plupart. Au service de la bourgeoisie blanche du Brésil, elles travaillent parfois plus de douze heures par jour et cumulent les tâches : ménage, lessive, repassage, courses...
Au printemps, le Sénat brésilien a approuvé à l'unanimité un texte qui leur concède les droits reconnus aux autres salariés, comme la journée de travail de huit heures. Pour beaucoup, c'est «le début de la fin de l'esclavage». Le passage de la loi, après six ans d'atermoiements, doit davantage à la pression de l'Organisation internationale du travail qu'à la gauche, au pouvoir depuis 2003, observe la sociologue Bila Sorj.
Prestige. L'ex-président Lula puis sa dauphine, Dilma Rousseff, ont préféré ne pas pousser cette réforme, craignant de se mettre à dos la bourgeoisie. Le Brésil est pourtant le pays qui compte le plus grand nombre de domestiques au monde : 6,7 millions (sur près de 200 millions d'habitants). Certaines familles ont plus d'une employée à leur service. Encouragés par les salaires modiques, les expatriés cèdent volontiers à cette culture. Au Brésil, être «servi» est un signe de prestige social. Face au déficit de crèches, l'aide à domicile est souvent aussi une nécessité pour les mères au travail. Les domésticas elles-mêmes doivent parfois payer quelqu'un pour garder leurs enf