En déposant le président Mohamed Morsi, les chefs de l’armée égyptienne ont interrompu la transition démocratique par laquelle l’Egypte allait apprendre le multipartisme et l’alternance électorale qu’elle n’a jamais réellement connus, même si avant Nasser, il y avait un multipartisme formel sous la monarchie. Le défi de l’Egypte, et celui de tous les pays arabes après les révoltes de 2011, est d’insérer les islamistes dans la mécanique de l’alternance électorale et non de les exclure. Car les islamistes sont forts dans la protestation contre des régimes autoritaires corrompus, captant le mécontentement populaire à qui ils donnent une légitimité religieuse, mais ils le seront beaucoup moins en dirigeant le gouvernement. Condamner la corruption, dénoncer la pauvreté, appeler à la moralité publique au nom d’une utopie qui proclame que tous les croyants sont des frères est en effet autrement plus consensuel que diriger un Etat après avoir promis de résoudre le problème du chômage et d’assurer l’égalité entre les citoyens. Ces promesses ne renvoient pas seulement à la démagogie qu’use toute opposition pour accéder au pouvoir, mais sont en rapport avec les contradictions de la société qui trouvent leur prolongement d’une part dans l’idéologie politique des islamistes et d’autre part dans les attentes de la population. S’il est vrai que l’offre islamiste correspond à une demande électorale populaire, il n’en demeure pas moins que cette offre et cette demande sont marquées par des c
TRIBUNE
Egypte : entre compromis stérile et régression féconde
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par Lahouari ADDI, Professeur de sociologie à l'IEP de Lyon
publié le 11 juillet 2013 à 19h06
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