La statue du commandeur est tombée : après dix-huit ans de pouvoir ininterrompu, un record pour un dirigeant démocratique, le social-chrétien Jean-Claude Juncker a été contraint par les socialistes, ses partenaires de coalition, de présenter sa démission et de demander au grand-duc de convoquer des élections anticipées. L’inoxydable Premier ministre luxembourgeois n’a cependant pas dit son dernier mot : à 58 ans seulement, il portera à nouveau les couleurs de son parti lors des élections qui devraient avoir lieu en octobre.
Dérives. Juncker, tout au long du débat parlementaire, qui a duré sept heures mercredi, n'a rien lâché. Il a refusé d'admettre sa responsabilité dans les dérives du service de renseignement national, le SREL, pourtant placé sous son autorité hiérarchique. C'est en décembre qu'une commission d'enquête avait été créée, suite à la révélation d'une écoute effectuée par le SREL dans le bureau même de Juncker. Il est alors apparu que ce service s'était constitué en véritable police politique, fichant des dizaines de milliers d'habitants du Duché, déstabilisant un magistrat et se livrant même à des malversations, comme des reventes de voitures de luxe achetées à prix réduit dans les années 2004-2009.
Le retour au pays est donc brutal pour Juncker l’européen. Celui-ci, fatigué et cumulant des problèmes de santé, après avoir géré durant trois ans la crise de la zone euro, avait renoncé à la présidence de l’Eurogroupe (qui réunit