Le président birman est un mutant. Quand Thein Sein est arrivé à la tête du pays, en mars 2011, personne n'aurait parié sur ce petit homme au crâne dégarni, aux lunettes fines et à la parole rare. Il était vu comme un bon petit soldat dévoué à la junte. Même si l'homme venait de troquer ses étoiles de général contre un costume civil de président, il restait l'homme-lige de Than Shwe, l'autocrate paranoïaque qui a verrouillé le pays vingt ans durant. Tout le monde, à commencer par l'auteur de ces lignes, était persuadé que le régime répressif au pouvoir depuis 1962 ne procédait qu'à un simple ravalement de façade. Deux ans et demi plus tard, Thein Sein a muté. Le président birman qui arrive en France, après deux jours au Royaume-Uni, s'est imposé comme le père du «printemps birman», ainsi que le proclament ses conseillers. Les plus idolâtres le campent en Gorbatchev birman. Les plus critiques reconnaissent que le pays a plus changé en deux ans de régime civil qu'en cinquante ans de dictature militaire.
Geôles. Thein Sein a certes révolutionné son pays. «La peur a disparu, le gouvernement s'est ouvert aux civils et au débat», note l'expert indépendant Maël Raynaud. Les droits d'association, de manifestation, la liberté de la presse - même imparfaite - ont été donnés. Plus de 800 prisonniers politiques ont quitté les geôles du régime. «Les gens se parlent à nouveau librement, témoigne Khin Zaw Win, analyste politiq