Dans quelques minutes, l’horloge va s’arrêter. Maria Fresu est assise dans la salle d’attente de la gare centrale de Bologne. Originaire de Sardaigne, âgée de 24 ans, elle est ouvrière dans une usine textile d’Empoli, en Toscane. Sa fille Angela, 3 ans, est à ses côtés tout comme ses deux amies, Verdiana Bibona et Silvana Ancilotti. Elles rejoignent les rives du lac de Garde pour deux semaines de vacances. La chaleur et le soleil annoncent déjà le grand exode estival italien ce samedi 2 août 1980.
Capitale de l'Emilie-Romagne, «Bologne la rouge» est un nœud ferroviaire en Italie. Les trains passent et s'arrêtent dans cette grande gare aux murs ocre bâtie au XIXe siècle devant la piazza delle Medaglie d'Oro. Dans quelques minutes, l'horloge va s'arrêter. Des cheminots, des chauffeurs de taxi, des touristes italiens et des passagers étrangers arpentent les couloirs, les souterrains, se pressent dans le grand hall, sur les quais bondés, devant les wagons. Les uns s'affairent, les autres attendent, les derniers lisent ou prennent un panino, un café, une boisson fraîche. Dans le restaurant qui jouxte les salles d'attente de première et seconde classes dans l'aile ouest de la gare, la télévision est allumée.
Dans quelques minutes, l’horloge va s’arrêter. Sur le quai numéro 1, le train Ancone-Chiasso s’apprête à repartir. Devant la gare, les taxis jaunes patientent sous le soleil. A côté de Maria Fresu, une valise aux pieds métalliques est posée sur un porte-bagages à 50 c