AMedinet Nasr, dans les travées de la mosquée Rabia al-Adawiya devenue leur bastion, les partisans de Mohamed Morsi n’en démordent pas : leur président n’a pas été évincé suite à une révolte populaire, mais il est la victime d’un coup d’Etat et d’un complot planifiés de longue date par les suppôts de l’ancien régime, toujours présents dans les rouages de l’Etat et, surtout, dans l’armée. Selon la version des islamistes, les forces proches de Hosni Moubarak, inquiètes de voir leurs intérêts menacés, auraient, tout au long du mandat de Morsi, cherché par tous les moyens à mettre en péril sa politique pour bloquer le processus démocratique, favoriser l’insécurité et freiner l’économie. Pour eux, les millions d’Egyptiens qui ont défilé le 30 juin ne sont que des gens payés par des hommes d’affaires corrompus ou manipulés par des médias opposés aux Frères musulmans… D’autres partisans de la thèse du complot, plus nuancés, estiment que le soulèvement a été encouragé par les militaires pour justifier leur intervention.
Paranoïa. Dans un pays biberonné au nationalisme et situé dans une région peu épargnée par les interventions étrangères, le conspirationnisme a la vie dure. Cela est particulièrement vrai chez les Frères musulmans qui, entre clandestinité et répression, en sont venus à développer une forme aiguë de méfiance, virant souvent à la paranoïa. Ce qui ne signifie pas pour autant que leurs doutes autour du caractère spontané de la mobilis