Le Japon est extrême en ce qu’il vous dépouille de soi. Et il vous reconstruit, individuellement ou collectivement.
Individuellement, le Japon fait découvrir qu'il existe un autre soi qui n'est pas tout à fait le même mais qui n'est pas complètement différent non plus, au-delà des clichés comme Orient et Occident, ou tradition et modernité. Foin d'exotisme car si le Japon ne nous apparaît pas aussi familier que les gratte-ciel de New York ou les rues de San Francisco que nous connaissons sans avoir mis les pieds aux Etats-Unis, tant nous sommes abreuvés d'images américaines, la culture japonaise parsème notre quotidien, et nous savons en décliner les substantifs : jûdô, karate, geisha, tatami, ikebana pour les plus anciens ; manga, sudoku, sushi, tamagotchi, animê, cosplays, otaku et autres pokemon pour les plus récents, avec les éternels samurai ou kimono.
Du coup, la première arrivée au Japon revêt un air paradoxal sinon prétentieux de déjà-vu, à une exception près, annoncée par personne, encore moins décrite, et pour cause : les odeurs, le parfum du Japon, ce mélange de verdure humide, de jasmin local, de cryptomère cédrat et de relents d’égout mal drainé.
Le «choc culturel», il est souvent vécu à l’envers, de retour en France. Quelle brutalité à l’échelle sociologique ! Quel effarement, alors, de retrouver ces troupeaux qui se bousculent dan