Armé d’une bonne dose de cynisme, le secrétaire général du Parti communiste chinois, Xi Jinping, qui, lors de son investiture en novembre, s’est engagé avec véhémence à éradiquer la corruption des fonctionnaires, a lancé en sous-main une campagne nationale contre… les militants anticorruption. Depuis le mois de mai, seize d’entre eux ont été arrêtés. Le célèbre avocat des droits civiques Xu Zhiyong est la dernière victime en date de cette singulière répression. Il a été emmené par la police, qui le gardait en résidence surveillée depuis trois mois environ, a annoncé hier l’un de ses confrères, Teng Biao. Ce dernier dit craindre que la rafle s’étende dans les jours qui viennent. Xu Zhiyong est l’un des ingénieurs de cette mobilisation militante contre la prévarication qu’il a baptisée Mouvement des nouveaux citoyens.
Tout a commencé en décembre par le lancement d'une pétition en ligne. En saluant habilement l'ardeur affichée du numéro 1 chinois à pourfendre les prévaricateurs, le texte lui demandait, ainsi qu'aux 205 membres du politburo du PC, de «donner l'exemple» en déclarant volontairement leurs patrimoines et ceux de leurs familles. L'audacieuse supplique, qui a recueilli 7 000 signatures en un rien de temps, a été censurée par la police d'Internet. Depuis une série d'enquêtes menées l'an dernier par l'agence Bloomberg et le New York Times sur la fortune des dirigeants chinois, les militants n'ignoraient pas que Xi Jinping et consorts ont amassé des cent