Spécialiste de l’histoire afro-américaine à l’université de Pennsylvanie, l’historien Steven Hahn revient sur la polémique qui secoue les Etats-Unis depuis le verdict du procès, le 13 juillet.
Comment expliquez-vous que ce procès ait pris de telles proportions ?
Les circonstances de la mort de Trayvon Martin sont un premier élément à prendre en compte ; le fait qu’il ait été tué alors qu’il n’était pas armé, et que les autorités aient mis autant de temps à engager des poursuites contre George Zimmerman. Il a tout de même fallu qu’un mouvement de protestation se propage à travers le pays... Ensuite, l’attention portée au procès tient au fait que chacun, quelles que soient ses positions politiques, peut y trouver le moyen de confirmer son point de vue sur les dynamiques à l’œuvre dans la société américaine. Les conservateurs cherchent avant tout à évacuer la question des relations entre Blancs et Noirs, et d’ailleurs, ils aiment bien rappeler que George Zimmerman n’est pas vraiment blanc, qu’il a des origines péruviennes. Tandis qu’au centre et centre gauche, c’est une nouvelle preuve que, même à l’âge de Barack Obama, la société américaine n’est pas une société post-raciale.
Qu’est-ce que cela dit du racisme ?
Le problème est que le comportement de Trayvon Martin a été immédiatement perçu comme suspect là où celui d’un adolescent blanc ne l’aurait pas été. Et puis il y a la question du jury, entièrement blanc. Le témoignage de la membre du jury interrogée par CNN est très révélateur à ce sujet. Elle dit qu’il n’a jamais été question de race pendant le procès, mais tout ce qu’elle r