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Libération
Interview

«Il y a une anxiété palpable du régime»

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Pour Thomas Gomart, spécialiste de la Russie, la condamnation de Navalny est un «message de fermeté» :
publié le 18 juillet 2013 à 21h26

Directeur du développement stratégique à l’Institut français des relations internationales (Ifri), Thomas Gomart y est aussi responsable du centre Russie.

Que révèle la condamnation de Navalny ?

Il y a incontestablement un raidissement du régime, qui veut détruire progressivement toutes les forces d’opposition qui se sont exprimées dans les rues en dénonçant les fraudes électorales après les législatives de décembre 2011 et la présidentielle de mars 2012. Ce verdict est un clair message de fermeté vis-à-vis de toute l’opposition dite illégale à la différence de celle qui est tolérée à la Douma. Alexeï Navalny, en outre, est une personnalité emblématique. Cet avocat, venu à la politique par le Web en dénonçant la corruption, s’est imposé par sa capacité à parler à tout le corps politique russe, aussi bien aux communistes qu’à la droite extrême. Il est jeune et doté d’un réel charisme. Il incarne une modernité en phase avec la partie la plus dynamique de la société russe face à un président désormais sexagénaire.

La répression est-elle le signe d’un pouvoir qui a peur ?

Oui. Depuis les manifestations de l’année dernière, il y a une anxiété palpable, y compris dans l’entourage immédiat de Vladimir Poutine. A cela s’ajoute la capacité du Web de mobiliser les opposants en contestant la verticalité du pouvoir. Toutes les élections, nationales, mais aussi municipales et régionales, sont devenues une source de crainte, avec des électeurs risquant de mal voter, ce qui entraîne une déstabilisation progressive du pouvoir. Mais en même temps, le régime se sent suffisamment fort et en