Photo Makoto Take pour Libération
C'est une femme en tenue léopard qui n'a rien d'une tigresse. A l'heure du «sextrémisme» énervé et dénudé des Femen, Mayumi Taniguchi se découvre en pétroleuse moqueuse d'une classe politique nippone grise et mâle qui renouvelle, ce dimanche, ses sénateurs (lire page 6). Le rire peut être une arme redoutable. Celui de Mayumi Taniguchi est libérateur, frondeur. Il sonne la charge contre une «politique de vieux schnocks, faite par des vieux schnocks, pour des vieux schnocks». La jeune femme, professeure de droit à l'université internationale d'Osaka (Japon), ne s'embarrasse pas d'une langue docte pour décrire le «triste cinéma politique de l'archipel». Ce diagnostic en forme de coup de sang fondateur a présidé à la création, en novembre, de son mouvement, le Parti national des vieilles ménagères (Ajop). La colère est parfois bonne conseillère.
Tout commence le 15 septembre. Trois mois avant les législatives, les partis élisent leurs généraux pour mener la bataille qui consacrera le retour de la droite nationaliste de Shinzo Abe. Ce soir-là, Mayumi Taniguchi est devant sa télévision, en simple mère de famille. «Je ne voyais que des vieux bouffons en costard, tenant des propos ennuyeux et poussiéreux. Pas une seule femme. J'ai eu honte pour mon pays.» Sur le ton de la raillerie, l'impulsive Taniguchi se lâche sur Facebook et propose de «créer le parti des "obachan", des vieilles ménagères pour concurrencer l