Devant la mystérieuse boutique aux vitres opaques, flanquée d'un panneau «interdit aux moins de 18 ans», deux touristes s'interrogent : «Un sex-shop ?» A l'intérieur, point de vibromasseurs, mais… des cigarettes. Depuis le 16 juillet, ces dernières sont uniquement en vente dans ces nouveaux bureaux de tabac, alors qu'auparavant on les trouvait dans 42 000 commerces : supermarchés, bars, épiceries. L'Etat a repris le monopole et attribué des licences, comme en France. Objectif : limiter l'accès des jeunes au produit.
Curieusement, la nouvelle loi sur le tabac a été transmise à Bruxelles - qui vérifie sa conformité aux normes européennes - depuis l'ordinateur du PDG de Continental, un fabricant hongrois de tabac. «C'est un expert !» a justifié János Lázár, ami du cigarettier et surtout secrétaire d'Etat et bras droit de Viktor Orbán, le Premier ministre populiste. Ce dernier avait assuré que les débits de tabac iraient aux petits entrepreneurs, aux familles défavorisées ou à mobilité réduite. Ils sont les dindons de la farce : un bon tiers des entreprises gagnantes appartiennent à des parents ou à des entrepreneurs proches du Fidesz, le parti d'Orbán. Mais le nombre de bureaux de tabac tombés dans leur giron est bien supérieur à 30%, car chacune a le droit d'ouvrir plusieurs débits. Sur 5 400 licences, les sociétés liées au cigarettier Continental en ont ainsi obtenu 1 800. C'est «la plus importante opération de corruption étatique jamais organisée en Hong