Amin Sheikh. Photo Edouard Caupeil pour Libération
C’est une vie à la fois banale, dans une ville ogresse de 21 millions d’habitants comme Bombay, et extraordinaire, par la capacité qu’a eue Amin Sheikh à provoquer la chance pour s’en sortir. Cet ancien gamin des rues était récemment de passage en France et en Espagne pour promouvoir son autobiographie.
La petite histoire de ce texte résume assez bien le parcours d'Amin Sheikh. Il y a trois ou quatre ans, alors qu'il regarde à la télé le show d'Oprah Winfrey, il se prend à rêver qu'elle l'invite pour raconter sa vie, comme la star américaine le fait parfois avec des inconnus. Le jeune homme envoie un mail qui reste sans réponse. «Alors un ami m'a dit :"Mais raconte ta vie toi-même !"», se souvient celui qui se met à la tâche sur le champ, à l'aide d'un ordinateur que lui ont donné des clients canadiens. Car la «vraie» vie d'Amin, c'est chauffeur de taxi, ce qui lui permet de vivre chichement avec l'équivalent de 120 euros mensuels.
Survie. Après les Canadiens, Amin prend un jour en charge Marta, une Espagnole, médecin dans les campagnes indiennes. Elle lui raconte qu'elle voulait installer l'électricité dans un hôpital mais sans trouver l'argent nécessaire pour y parvenir. Alors elle a écrit un livre pour raconter son projet, l'a vendu à la criée dans les rues de Bombay (ce que fera aussi Amin avec le sien) et, avec les recettes, a financé la construction du réseau électrique.