Et maintenant, la grande aventure commence. En s'emparant, dimanche, de la majorité du Sénat, Shinzo Abe s'est assuré le contrôle total de la Diète, le Parlement japonais. Son Parti libéral-démocrate (PLD) et son allié du Nouveau Komeito mettent fin à une situation bancale qui hérissait le Premier ministre et paralysait la vie politique depuis six ans. Cette fois, le chef du gouvernement a toutes les cartes en main, adoubé à deux reprises par les urnes en moins de sept mois (lire ci-contre). A 58 ans, Abe tient donc sa revanche, lui qui avait été défait par une élection sénatoriale lors de son premier et piteux passage à la tête du pays, entre 2006 et 2007. Un tournant s'amorce.
Abe n'a cessé de marteler que le «Japon était de retour», arpentant le pays en homme pressé, appelant à sa reconstruction après la triple catastrophe de mars 2011, se disant prêt à «monter au front» au moment où la «situation sécuritaire autour du Japon devient de plus en plus tendue», a-t-il dit lors de son discours de politique générale en février. Ce jour-là, il avait cité Yukichi Fukuzawa, grand intellectuel de l'ère Meiji (fin du XIXe siècle) : «Rien ne vaut le partage de la joie et de la douleur.» C'est probablement ce qui attend les Japonais qui vont devoir entreprendre des réformes d'ampleur pour tordre le cou à deux décennies de crises en tout genre.
Bulldozer. Abe a commencé à esquisser un programme