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Libération
TRIBUNE

Campagne à risques pour les albinos

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par Guy-Paul Kiele, Avocat, défenseur des droits de l’homme.
publié le 24 juillet 2013 à 19h06

Le 4 juillet, le chanteur malien Salif Keita a été reçu à Paris au siège de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) par le président Abdou Diouf. Salif Keita lui a fait part de ses vives inquiétudes à propos des crimes dont sont victimes les albinos dans certains pays francophones tels que le Mali, le Sénégal, la RDC…

L’ambiguïté que représente l’albinos par son aspect pigmentaire (enfant blanc né de parents noirs) a donné naissance à des croyances selon lesquelles les albinos sont des êtres mystiques, détenteurs de pouvoirs magiques ou maléfiques. Ces préjugés font de l’albinos un objet rituel, un animal traqué par des tueurs à gages au service de charlatans.

Lorsqu'ils sont considérés comme des êtres maléfiques, ils sont humiliés, rejetés, considérés comme des porte-malheur, tués à la naissance ou abandonnés. Près de 99% des parents abandonnent leur enfant albinos. Ils peuvent être rejetés par un ou deux parents. Salif Keita a été rejeté par son père. Ses camarades le chargeaient de railleries et de crachats, le traitaient de «petit blanc», «nègre blanc, café au lait… blanc local…».

La situation est plus dramatique lorsqu’ils sont considérés comme détenteurs de pouvoirs magiques. Les cheveux, les ongles, les organes génitaux et d’autres parties de leur corps sont utilisées dans des médications, censées apporter richesse et bonheur. Des tueurs sont engagés pour assassiner les albinos et ils s’en prennent souvent aux plus vulnérables, à savoir les femmes