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portrait

Mahmoud Badr. Le rebelle normal

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Timide et agréable, ce journaliste égyptien de 28 ans a lancé la campagne Tamarod et la pétition qui a fait chuter Morsi.
publié le 24 juillet 2013 à 19h06

Photo Virginie Nguyen Hoang /Hans Lucas pour

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D’un leader révolutionnaire, sans attendre les cheveux longs, le cigare et le béret, on espérait au moins l’éloquence, l’arrogance ou le goût de la provocation. Mais pas ça, pas lui, pas ce jeune type sympa, très sympa, normal, trop normal. Mahmoud Badr, 28 ans, est le héros malgré lui de la révolution égyptienne. Silhouette frêle, il arbore une barbe de trois jours et pas mal de gel dans les cheveux. Il hausse beaucoup les épaules, il sourit timidement, il s’excuse quand il répond à son portable qui ne cesse de sonner. Toutes les cinq minutes, serveurs et clients du café sans charme dans lequel - après deux lapins et demi - il a consenti à donner rendez-vous, viennent le féliciter pour son rôle dans la destitution de Morsi ou lui demander de poser pour la photo. Il se prête au jeu, sans jubilation déplacée, comme s’il avait l’habitude d’agir par devoir.

La notoriété du petit gars est pourtant toute fraîche. Il y a peu, Badr n’était connu que de ses proches, de ses collègues journalistes et de quelques révolutionnaires de Tahrir, une place où il a souvent traîné ses guêtres. Dès les débuts, celui qui suit alors l’actualité des mouvements sociaux pour un quotidien de gauche, s’y installe avec son sac à dos, il n’en partira qu’une fois Moubarak déchu. Tout s’accélère le 23 avril. Alors qu’il est dans le salon de son appartement de Dokki, au Caire, et bavarde avec deux amis autour de la meilleure façon de raviver la