La foule est déjà là, hurlante et suante sous un soleil de plomb, aux abords de l'hôpital Mahmoud-Matri, dans la banlieue nord de Tunis. La dépouille du député Mohamed Brahmi, opposant au parti islamiste Ennahda au pouvoir, est arrivée «à 12 h 25», précise une infirmière en blouse blanche, regardant sa montre. Membre de l'Assemblée nationale constituante (ANC) et fondateur du Courant populaire (Attayar Achaabi) créé il y a quelques jours à peine, l'opposant de 58 ans a été assassiné vers midi en sortant de chez lui à Cité El-Ghazala, un quartier résidentiel de la classe moyenne. Selon la chaîne de télévision Watanya, Mohamed Brahmi a été abattu de onze balles tirées à bout portant. Les tueurs se seraient ensuite enfuis, à deux sur une moto.
Même modus operandi que pour l'assassinat d'un autre opposant, Chokri Belaïd, tué le 6 février : lui aussi par balles, lui aussi devant son domicile, lui aussi par des tireurs à moto. Son meurtre avait entraîné une grave crise politique dans le pays, menant à la démission du Premier ministre, Hamadi Jebali, et à la cession des ministères régaliens à des personnalités apolitiques. Malgré quatre arrestations et cinq suspects en fuite, le meurtre n'a pas été élucidé. Mais mercredi, le conseiller du Premier ministre islamiste, Nourredine Bhiri, a indiqué que les commanditaires de l'assassinat de Belaïd avaient été identifiés, et que leur identité allait être «bientôt» révélée par le ministre de l'Intérieur. Renforçant l'analo