«J’espère qu’il n'y a pas de morts. Sinon, cela me pèsera pour toujours sur la conscience.»
Cette prière, c’est un des deux conducteurs du train qui l’adresse, tout de suite après
[ le déraillement de l’Alvia 730 qui rallie Madrid à Ferrol ]
, quatre kilomètres avant d’entrer en gare de Saint-Jacques-de-Compostelle. Coincé dans sa cabine, lègèrement blessé, Francisco José Garzon décroche alors son micro et adresse ce message au chef de gare. Selon le quotidien
[ El País ]
et plusieurs médias de Galice, il lui fait aussi un terrible aveu, celui d’avoir laissé le train avancer à 190 km/heure dans un virage très serré, là où la vitesse est limitée à 80 km/heure –soit plus du double !
Cette négligence humaine, le conducteur la confirme peu après être descendu du train – vers 21 heures – alors même que des dizaines de pompiers tentent d'extraire les cadavres des wagons pulvérisés par le choc contre le mur de bitume qui enserre les rails. «J'ai déraillé, qu'est-ce que je peux faire, qu'est-ce que je peux y faire?», se lamente-t-il alors au téléphone, selon plusieurs témoins signalant la moue catastrophée du conducteur. Depuis, il s'est réfugié dans le silence.
Courbe périlleuse
Il faudra attendre l’examen de la boîte noire pour déterminer à quelle vitesse allait le train dans le virage. Mais d’ores et déjà, le témoignage de Francisco José Garzon l’accable. Tout comme ses collègues, celui-ci ne cessait de se plaindre, ces derniers mois, de cette courbe périlleuse puisque, en seulement quelques kilomètres de parcours depuis Madrid, le tracé rectiligne (qui per