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Libération
Interview

«Les démocraties populaires étaient déjà des zombies, sans s’en rendre compte»

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L’ex-ministre Hubert Védrine replace la chute du Mur dans son contexte :
publié le 26 juillet 2013 à 19h06

Ancien ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine était le secrétaire général de l’Elysée de François Mitterrand en 1989, au moment de l’effondrement du bloc communiste.

La chute du mur de Berlin était-elle inévitable ?

Oui bien sûr, mais cela aurait pu arriver après la fin de la RDA et pas forcément avant. Le mot «chute», d’ailleurs, est impropre. Le mur a été ouvert par des autorités est-allemandes exsangues. On confond l’ouverture du passage vers Berlin-Ouest, le 9 novembre 1989, avec la ruée le lendemain de gens cassant avec des pioches des morceaux de mur pour les conserver comme souvenirs. Tout cela était l’aboutissement d’un processus de décomposition de la RDA engagé depuis des années. Dès l’été 1989, les Allemands de l’Est quittaient par milliers leur pays en passant par la Tchécoslovaquie, et par la Hongrie, où le rideau de fer avait été retiré. Ce mouvement de fond traversait toutes les «démocraties populaires». En Pologne grâce à Solidarnosc, il était très avancé. Dans d’autres, beaucoup moins, ou pas du tout. De toute façon, Mikhaïl Gorbatchev, qui espérait sauver le communisme en URSS grâce à des réformes économiques et un peu de démocratisation - c’était la «pérestroïka» - avait déjà passé le glacis stalinien d’Europe de l’Est par pertes et profits. Dès 1986-1987, il n’avait pas caché à ses dirigeants que jamais il n’utiliserait la force pour défendre ces régimes. Même s’il y avait encore en 1989 quelque 300 000 soldats de l’armée rouge en RDA, et même si ces régimes ne s’en rendaient pas compte, ils éta