Pour un peu, on pourrait croire que c'est le président sortant qui s'apprête à voter. Au camp de Kati, sur les hauteurs de Bamako, des hommes en armes viennent de se déployer, tandis qu'un pick-up surmonté d'une mitrailleuse fait son apparition. Hier, jour d'élection présidentielle au Mali, les bureaux de vote ont ouvert leurs portes à 8 heures dans le fief des anciens putschistes, comme partout ailleurs dans le reste du pays. Les files s'allongent sous le soleil, dans une ambiance bon enfant. A 10 h 30, le convoi du capitaine Amadou Haya Sanogo pénètre dans la cour de l'école qui porte désormais son nom. Un petit homme en boubou bleu descend d'un 4 × 4, flanqué de son épouse, et s'en va voter en tant que «simple citoyen» et «chef de famille», précise-t-il.
«Consignes». La présidentielle organisée au forceps par les autorités maliennes, sous la pression de la communauté internationale, vise justement à renvoyer dans l'anonymat cet officier sorti du néant en mars 2012, un soir de mutinerie. Jusqu'à la veille du scrutin, on a prêté au capitaine Sanogo un pouvoir aussi omnipotent qu'occulte. «Il avait l'oreille du président par intérim, Dioncounda Traoré, qu'il a essayé d'influencer jusqu'au bout pour repousser la date de l'élection», assure une source diplomatique. Invisible durant la campagne, l'officier n'en était pas moins dans toutes les conversations à Bamako : le chef de l'ex-junte qui a chassé de son palais