Si les victimes sont dans le camp islamiste, la tuerie aux abords de la mosquée Rabaa al-Adawiya a également secoué jusqu’aux plus farouches opposants à Mohamed Morsi. Ceux-là mêmes qui ressassent depuis des semaines que le 30 juin est une révolution et non un coup d’Etat, ceux qui vendredi encore, place Tahrir, pensaient goûter aux délices de la grande réconciliation égyptienne, se sont réveillés avec la gueule de bois.
L'heure n'est pas au divorce, mais l'union sacrée contre les Frères musulmans se fissure un peu plus. Des personnalités liées à la coalition au pouvoir ont dénoncé les violences policières du week-end. Le parti salafiste Al-Nour, qui a soutenu la destitution de Morsi mais avait déjà pris ses distances avec l'armée, a évoqué un «carnage» et son président, Younes Makhyoun, a demandé des «poursuites contre les auteurs». Mohamed el-Baradei, vice-président et principale figure de l'opposition libérale sous Morsi, a condamné sur Twitter «un usage excessif de la force» et a appelé «toutes les parties» à «rejeter la violence et à arrêter le bain de sang». Pour timide qu'elle soit, cette position traduit un malaise de plus en plus palpable chez un homme qui a toujours mis en avant des principes démocratiques et s'est opposé avec virulence à l'ancien régime.
Réserves. Hier, le mouvement Tamarod, à l'origine de la mobilisation anti-Morsi du 30 juin, a, lui aussi, pour la première fois exprimé des r