Un été aux sources de l'écriture
C'est une forme d'indiscrétion doublée d'un grand respect. Demander à ceux qui commettent fictions ou essais, écrivains, philosophes ou chercheurs, «d'où ils écrivent». Le lieu géographique bien sûr, les petits rituels d'auteur mais aussi l'histoire personnelle qui infuse jusqu'au bout de la plume. Une manière d'approcher l'alchimie de l'écriture qui, toujours, intrigue et subjugue.
Je suis toujours angoissée quand des journalistes insistent pour venir m’interviewer à domicile. Je sais trop bien ce qui va se passer. Ils vont demander à photographier, à filmer le bureau où travaille l’écrivaine, la table à écrire, la boîte à stylos, à crayons, ils me demanderont une page du manuscrit, un cahier de notes, un ordinateur portable, ils s’intéresseront aux fétiches qui veillent sur l’inspiration, ils voudront que je mime le rituel propitiatoire auquel je me livre avant d’affronter la page blanche.
Mais que leur dire ? Je n’ai rien de tout cela. Je n’ai ni bureau ni table à écrire, je n’ai pas de boîte pour mes stylos ou mes crayons attitrés, je ne pratique pas de cérémonies magiques pour appeler l’inspiration.
Le saint des saints de l’écrivaine est vide, il n’y a pas de saint des saints, juste l’ordinateur portable sur lequel mes fils compilent mes «paperoles» (je demande pardon à Marcel Proust de lui emprunter témérairement ce joli mot pour désigner mes bouts de papier cousus et recousus) qui, en s’accumulant, feront mon pro