C’est un magnifique après-midi d’été à la pointe sud du continent africain. Le soleil de l’été austral dore les vignes de cette région du Cap qui évoque l’Italie ou la Californie. Mais, ce 11 février 1990, dans l’arrière-pays, le temps est comme suspendu, non loin de la petite ville de Paarl.
A la porte de la prison Victor Verster, il est plus de 16 heures quand le portail s’ouvre enfin. Une silhouette se dessine dans le halo de chaleur. La foule retient son souffle, puis une clameur : le voilà ! Il est là, la démarche hésitante mais le poing levé en signe de victoire. Son autre main tient celle de Winnie sa femme. Nelson Mandela, le héros sud-africain de la lutte contre l’apartheid, fait ses premiers pas d’homme libre.
Il y a une curiosité impatiente dans les regards qui le fixent : on avait oublié son visage, le régime raciste avait interdit qu'on diffuse sa photo. Et l'homme aux cheveux blancs ne ressemble plus guère au jeune avocat joufflu condamné à la prison à vie en 1964. Vingt-sept ans plus tard, c'est dans cette région du Cap, où les premiers colons européens ont débarqué au XVIIe siècle, que réapparaît l'homme qui incarne l'espoir d'une nouvelle Afrique du Sud multiraciale. Neuf jours plus tôt, le 2 février, le Président, Frederik de Klerk, avait annoncé sa libération au Parlement, qui siège aussi dans la ville du Cap. Mais le régime aurait préféré transporter et libérer Mandela à Johannesburg, la capitale économique, 1 500 km plus au nord. Il a refusé : à