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Libération

L’Etat passe l’Académie des sciences de Russie par pertes et profits

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publié le 29 juillet 2013 à 21h56

Fin juin, les membres de l’Académie des sciences de Russie (RAN) ont découvert, en même que le reste de la population, le projet de réforme prévoyant la fermeture de leur institution. Sans avoir été consultés. Proposé par le ministre de l’Education et des Sciences, Dmitri Livanov, le projet de loi, adopté en première lecture au Parlement le 3 juillet, puis en seconde lecture le 5 juillet, vise à dissoudre trois académies - la RAN, l’Académie des sciences médicales ainsi que celle des sciences agricoles - afin de les faire fusionner au sein d’une nouvelle institution.

Sitôt annoncé, ce projet a mis le monde scientifique en émoi. «Une insulte aux hommes de science», tempête l'académicien Valery Roubakov. La mobilisation, observée à Moscou comme en province, révèle que la réforme touche un sujet sensible : fondée en 1724 par Pierre le Grand, l'Académie des sciences est un totem. Des célébrités historiques, comme Denis Diderot ou Mikhaïl Lomonossov, y ont répandu leur savoir. Sous l'Union soviétique, l'institution fut un vivier de prix Nobel, particulièrement dans le domaine de la physique.

Selon le gouvernement, cette restructuration doit favoriser le développement des sciences dans le pays. Les scientifiques sont visiblement peu convaincus : à Moscou, des membres de l'Académie qui considèrent que cette fusion signe «la mort de la science russe» ont simulé ses «funérailles», portant jusque devant le siège de l'institution un symbolique cercueil noir. Désemparés,