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Libération
Reportage

Egypte : les islamistes poussés vers l’escalade

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Malgré les appels à la non-violence devant les médias étrangers, les pro-Morsi, réprimés dans le sang, pourraient se radicaliser.
Des supporters de Morsi manifestent au Caire, le 30 juillet. (Photo Mohamed Abd El Ghany. Reuters)
publié le 30 juillet 2013 à 21h26

Al’entrée du campement de Rabaa, lieu de rassemblement des pro-Morsi au Caire depuis plus d’un mois, trône un large carton blanc, sur lequel est écrit en lettres majuscules le mot «pacifique», d’un côté en arabe, de l’autre en anglais. Dans les travées, des photos de martyrs ornent les tentes. Des hommes casqués et armés de bâtons montent la garde. Rien n’est dû au hasard. La communication à destination des journalistes étrangers est parfaitement rodée. Ces derniers sont choyés, invités à rompre le jeûne en compagnie des leaders de la confrérie ou autorisés à photographier les cadavres que les familles réclament nerveusement à l’extérieur de l’hôpital.

Pour les Frères musulmans et leurs alliés islamistes, le but est clair : convaincre les médias qu'ils sont innocents, que les événements qui secouent l'Egypte relèvent d'un coup d'Etat brutal perpétré par les militaires alliés à l'ancien régime. Et ainsi émouvoir la communauté internationale qui s'inquiète du bain de sang (lire ci-contre). Gehad el-Haddad, communicant en chef des Frères, ne dit pas autre chose quand il affirme que «le meilleur moyen pour rétablir en fonction Mohamed Morsi est d'obtenir l'appui de puissances étrangères» et, pour ce, «de faire ce qu'ont fait tous les peuples dans cette situation : manifester pacifiquement en face des chars».

Manu militari. S'il ne fait aucun doute que, depuis un mois, les islamistes sont réprimés dans le sang par la