Les chars colorés de la prochaine Gay Pride ne défileront assurément pas sous la colonnade de Saint-Pierre. Mais dans l'avion qui le ramenait du Brésil, où il a célébré les Journées mondiales de la jeunesse, le pape François a pris de la hauteur pour affirmer devant des journalistes : «Qui suis-je pour juger» les homosexuels ? Et de préciser, en réponse à la question sur la présence présumée d'un lobby gay au Vatican, qu'il aurait dénoncé en privé : «Le problème n'est pas d'avoir cette tendance, c'est de faire du lobbying […]. On écrit tant sur ce lobby gay. Faire du lobbying, c'est le problème le plus grave selon moi.»
Jamais auparavant, un souverain pontife n'avait abordé avec autant de franchise et de spontanéité la question de l'homosexualité. Même le mot «gay» n'avait jamais été officiellement prononcé par un pape, tranchant clairement avec les anathèmes de certains prélats et même de l'un de ses prédécesseurs, Jean-Paul II. Il y a treize ans, Karol Wojtyla avait stigmatisé la Gay Pride de Rome en déclarant depuis son balcon pontifical : «Au nom de l'Eglise de Rome, je ne peux qu'exprimer amertume pour l'affront porté au Grand Jubilé de l'an 2000 et pour l'offense faite aux valeurs chrétiennes d'une ville chère au cœur des catholiques du monde entier.» En soulignant que «si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ?» Jorge Mario Bergoglio a sans équivoque usé d'un ton nouveau.