Les balles sont parties du Beretta 9 mm. Le garde du corps, crâne rasé et lunettes noires, très Men in Black, relié à un mystérieux interlocuteur par une oreillette, s'effondre. Il a fait son boulot, le malheureux, il a joué son rôle de bouclier humain protégeant le Premier ministre Yitzhak Rabin. Encore raté, se dit le tueur, qui en est à sa troisième tentative. Il avait prévu de tuer Rabin-le-traître, Rabin-le-Palestinien, Rabin-le-nazi au mémorial de la Shoah à Jérusalem, mais le Premier ministre avait annulé sa visite à la dernière minute. Une deuxième fois, nouveau changement de parcours. La troisième fois c'est ce soir, samedi 4 novembre 1995, au meeting géant pour la paix, organisé par la gauche, sur la place des rois d'Israël. Des dizaines de milliers de jeunes sur le parvis de la mairie de Tel-Aviv. Peace and rock'n'roll. A la tribune, Rabin ose même chanter avec la foule exubérante, et, surprise, embrasser son rival de toujours, Shimon Pérès, ministre des Affaires étrangères.
Le tueur n’était pas né en 1963 (il a 27 ans) mais il a visionné en boucle l’assassinat de Kennedy à Dallas, touché à mort dans sa limousine depuis le haut d’un immeuble, à distance - bien plus difficile que d’abattre à bout portant un Premier ministre qui descend un escalier à pied.
versets. Il aurait bien tué Pérès aussi… D'ailleurs, c'est son plan : liquider Rabin et Pérès, les deux négociateurs des accords d'Oslo qui vont rendre des territoires aux Palestiniens en échange de la paix