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Portrait

Mugabe, le lion increvable

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Le despote, ancien héros de l’indépendance, a été à nouveau réélu au terme d’un scrutin contesté.
par Patricia Huon, Envoyée spéciale à Harare
publié le 4 août 2013 à 19h06

«Seul Dieu me fera partir», a-t-il lancé un jour. Grand vainqueur sans surprise d'un scrutin entaché de fraudes massives, Robert Mugabe, héros de la révolution zimbabwéenne, longtemps surnommé le «lion d'Afrique», est de plus en plus souvent comparé à un «vieux crocodile». Regard sévère, visage impassible marqué d'une petite moustache hitlérienne presque caricaturale, à 89 ans, le despote infatigable est au pouvoir depuis trois décennies. Mais il n'a pourtant pas toujours été un dictateur.

Robert Mugabe mena un long combat contre le régime raciste de la minorité blanche de Rhodésie et il fut emprisonné pendant onze ans, avant d'être élu à la tête du nouvel Etat indépendant, le Zimbabwe. C'est un libérateur adulé et porteur d'immenses espoirs qui devient Premier ministre, en 1980. Mais «Camarade Bob», le révolutionnaire marxiste, avait perdu ses idéaux depuis déjà longtemps. «Au lieu de mener son peuple à la terre promise, il a amassé une fortune pour lui, sa famille et ses alliés», constate l'historien Andrew Norman.

Gentleman. Petit à petit, alors qu'il s'accroche à son fauteuil présidentiel (obtenu en 1987), Mugabe se transforme en tyran. Un homme violent qui harcèle et fait assassiner ses opposants. Un vieillard borné qui éructe des insultes envers les «colonisateurs» ou les homosexuels. Un dirigeant déconnecté de la réalité, qui organise de dispendieuses fêtes d'anniversaire alors q