Il ne commence jamais ses meetings sans déclamer quelques versets du Coran, et ponctue ses discours d'«inch'Allah» repris par la foule. Durant la campagne présidentielle au Mali, dont le second tour a lieu ce dimanche, Ibrahim Boubacar Keïta (dit «IBK») a joué à fond la carte de l'islam dans un pays musulman à 95%. Un positionnement vraisemblablement opportuniste chez cet homme de 68 ans, décrit par ses proches comme un amateur de bonne chère arrosée de vins délicats, mais qui pourrait se révéler payant. Ces démonstrations de foi du favori du scrutin, arrivé en tête au premier tour avec près de 40% des voix, ne doivent en effet rien au hasard. «Il y a trente ans, le pouvoir se prenait par les armes, il y a dix ans par l'argent, et aujourd'hui par la religion», analyse Alioune Ifra Ndiaye, un jeune dramaturge de Bamako. Au Mali - une république laïque -, l'islam est traditionnellement de rite malékite, ouvert et tolérant. Mais à mesure que les structures de l'Etat se sont délitées, des courants religieux d'inspiration wahhabite, importés d'Arabie Saoudite, ont pris de l'ampleur. A Bamako, un nom revient dans toutes les bouches à ce propos : celui du Haut Conseil islamique (HCI). Cette instance représentative des organisations musulmanes au Mali joue un rôle de plus en plus actif sur la scène politique, tout en s'en défendant.
Aiguisé. «Les organisations politiques traditionnelles ont été vidées de leur substance par l