Depuis bientôt trois semaines, la police égyptienne assure, jour après jour, communiqué après communiqué, qu’elle est sur le point de donner l’assaut pour déloger les manifestants islamistes qui continuent de réclamer, depuis leurs deux sit-in de Rabia al-Adawiya, au Caire, et d’Al-Nahda, à Gizeh, le retour du président déchu, Mohamed Morsi. Des menaces répétées qui laissent craindre un nouveau bain de sang : plus de 300 personnes ont déjà perdu la vie depuis fin juin, beaucoup dans le cadre d’affrontements entre pro et anti-Morsi.
Alors que les divisions dans le pays sont persistantes et prolongent l'impasse politique, le gouvernement semble hésiter. Le 26 juillet, les Egyptiens étaient descendus nombreux sur la place Tahrir, à l'appel du nouvel homme fort du régime, le général Al-Sissi, qui avait demandé au peuple «un mandat pour en finir avec la violence et le terrorisme». Sauf que le soir même, les policiers avaient abattu 80 militants pro-Morsi, épuisant d'un coup tout crédit à leur idée de «violence légitime».
«Coin-coin». Cette bavure a considérablement réduit la marge de manœuvre du nouveau régime, soucieux de ne pas se dédire auprès de la population, mais contraint à la retenue envers une communauté internationale de plus en plus dubitative. Tout nouvel abus de violence, fut-il réclamé par le peuple, renforcerait les tenants de la thèse du coup d'Etat militaire et affaiblirait le pouvoir de transition.
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