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Libération

A la mine de Marikana, du théâtre pour un massacre

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publié le 15 août 2013 à 22h06

Un groupe de mineurs, encerclé par des policiers, entame des chants guerriers. Les premiers coups de feu retentissent, des corps tombent sur l’herbe desséchée, des femmes pleurent. La scène, jouée à Wonderkop, la bien mal nommée «colline des merveilles», n’est que le dernier acte d’une pièce de théâtre. Mais elle rappelle cruellement les événements qui se sont déroulés au même endroit il y a tout juste un an, le 16 août 2012. Ce jour-là, à la mine de platine de Marikana, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Johannesburg, 34 mineurs en grève ont été abattus par la police. Un drame sans précédent dans l’Afrique du Sud démocratique.

«Nous sommes toujours en colère. Nous voulons montrer que nous n'avons pas oublié», explique Wendy Pretorius. Vêtue d'un costume de mineur, elle fait partie de la cinquantaine de femmes qui a répété chaque semaine depuis deux mois pour présenter cette pièce lors des cérémonies de commémoration du massacre qui ont lieu aujourd'hui. Un devoir de mémoire, mais aussi une manière d'exorciser la peine, pour une communauté qui ne peut compter que sur elle-même. «Nous n'avons reçu aucune compensation, déplore Zameka Nongu, dont le mari a été abattu par la police lors de la tuerie. Je suis restée ici, avec quatre de mes six enfants, car la direction de la mine avait promis d'embaucher les membres des familles des victimes. Mais, finalement, il n'y avait pas de place pour moi.» Une quinzaine de personnes dépendaient du salai