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Libération
De notre correspondant au Caire

Au Caire, les islamistes crient «vengeance»

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La violente répression des campements pro-Morsi, qui a fait au moins 578 morts mercredi, empêche toute issue politique au conflit qui oppose les Frères musulmans à l’alliance formée par l’armée et les libéraux.
Des corps à la mosquée Al-Iman, jeudi. (REUTERS)
publié le 15 août 2013 à 22h06
(mis à jour le 16 août 2013 à 9h41)

Hier matin, la circulation a repris le long des allées bordant la mosquée Rabia al-Adawiya, à Medinet Nasr, en banlieue du Caire. Evitant les débris sur le sol, slalomant entre les véhicules calcinés, les voitures avancent librement au milieu de ce qui était, il y a deux jours encore, le principal bastion des milliers de partisans du président déchu, Mohamed Morsi.

Sur le bas-côté de la route, des employés se sont affairés à nettoyer la place, comme pour effacer toute trace de vie, toute trace de mort aussi. Un effort contrarié par les quelques restes de gaz lacrymogènes mais, surtout, par une odeur pestilentielle, vilain mélange de brûlé, d’excréments et de cadavres, rappelant que ces larges allées ont été, mercredi, le théâtre d’un massacre, l’un de ceux qui ne s’oublient pas.

Hôte macabre. Le nombre des victimes reste sujet à polémique. Les autorités parlent de 202 morts à Rabia pour un total de 578 dans le pays, dont 43 policiers. Les Frères musulmans évoquent pour leur part 2 200 décès et 10 000 blessés. L'évacuation du campement de Rabia a été sanglante et «la grande retenue des forces de police», saluée mercredi par le Premier ministre intérimaire, Hazem el-Beblawi, sonne comme une provocation.

Deux rues derrière l'ex-sit-in, aux abords de l'hôpital Taamin Sahi, un groupe de six hommes marche d'un pas décidé. Ils sont jeunes, plusieurs portent la barbe, ils ne parlent pas, ne sourient pas. Ils répondent aux questions de faço