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Libération
EDITORIAL

Chaudron

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publié le 16 août 2013 à 22h16

S’il fallait encore une preuve de l’incohérence et du manque de courage de la communauté internationale, plus besoin de chercher : elle est là, sous nos yeux, alors que l’Egypte, après la Syrie, bascule dangereusement vers la guerre civile. Car le drame en cours était prévisible. Dès le moment où les forces de l’ordre égyptiennes avaient averti qu’elles délogeraient les pro-Morsi sitôt la fête de l’Aïd achevée, tout aurait dû être mis en œuvre pour les dissuader d’utiliser la violence. Tout, y compris l’assèchement brutal de la manne financière. Mais après avoir, deux ans durant, soutenu les Frères musulmans et fermé les yeux sur leur dérive autoritaire, les Etats-Unis se sont trouvés bien embarrassés au lendemain du coup d’Etat militaire du 3 juillet. Obama a si peur de tomber dans ce chaudron qu’est devenu le Proche-Orient qu’il en est paralysé. Les Européens, eux, semblent plus impuissants que jamais, réduits à envoyer sur place une Catherine Ashton qui ne parvient plus à faire illusion. Et que dire de l’Arabie Saoudite et du Qatar, qui ne cessent de souffler sur les braises, excitant l’un les militaires, l’autre les Frères musulmans. Résultat, la société égyptienne est abandonnée à elle-même, plus divisée que jamais. En Egypte, aujourd’hui, on est avec les Frères ou contre les Frères ; la confrérie et les militaires brandissant leur propre conception de la démocratie en étendard.

Cela peut paraître illusoire, voire naïf, mais il va bien falloir relancer d’une façon ou d’u