C'est avec beaucoup d'attention et d'inquiétude que la rue tunisienne, largement choquée par la répression contre les Frères musulmans, suit la situation en Egypte. Certes, «les circonstances sont différentes dans les deux pays. Ici, l'armée n'est pas très puissante et pas très impliquée dans la politique», se rassure Mohamed Jmil, un avocat sympathisant du parti d'opposition Nidaa Tounes. En Tunisie, l'affrontement reste cantonné aux discours politiques et aux manifestations rivales. «Je vois mal une confrontation entre deux camps», juge l'avocat qui, comme beaucoup, craint des répercussions des événements du Caire. «Ce qui se passe en Egypte montre la nécessité pour tous les partis politiques en Tunisie de s'asseoir à la table des négociations, en s'attachant à la légitimité et à la démocratie pour repousser la contre-révolution», a déclaré le chef de l'Etat, Moncef Marzouki, alors que l'opposition rejette toute négociation tant que le gouvernement islamiste de la Tunisie n'a pas démissionné.
«Complices». Mais le massacre égyptien a approfondi les antagonismes, donné lieu à de nouvelles passes d'armes et radicalisé les positions, celles des islamistes d'Ennahda en tête. Lors d'une conférence de presse, jeudi, le président du mouvement, Rached Ghannouchi, a pour la première fois explicitement rejeté la formation d'un gouvernement de technocrates, comme le réclame l'ensemble de l'opposition et la quasi-totalité