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Interview

«En Somalie, l’action de MSF n’a plus de sens»

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Afrique. Marie-Noëlle Rodrigue, de Médecins sans frontières, explique le départ du pays de l’ONG :
publié le 16 août 2013 à 21h36

Il y a une semaine, les derniers membres internationaux de la mission de Médecins sans frontières (MSF) ont quitté la Somalie. L'ONG, qui a reçu le prix Nobel de la paix en 1999, a décidé, la mort dans l'âme après vingt-deux ans de présence, de fermer sa mission dans ce pays de la Corne de l'Afrique. Celle-ci, qui employait 1 700 personnes - dont une moitié de personnel médical, réparties dans 18 structures de santé -, a choisi de se retirer sine die de ce pays déchiré en raison de l'insécurité régnante. Marie-Noëlle Rodrigue, directrice de cette mission, explique à Libération les causes de cet échec.

Pourquoi MSF a-t-il quitté la Somalie ?

Nous quittons le pays, car notre espace de négociation s’est réduit à peu près à rien. Nous avons eu 16 personnes tuées en vingt-deux ans, dont 7 depuis 2007. Ainsi que 6 kidnappés depuis 2007. En analysant les lieux des agressions, nous nous sommes aperçus que les gens avec qui nous négociions approuvaient ou toléraient ces agressions. Nous en avons conclu que notre action n’avait plus de sens. Car l’espace humanitaire ne va pas de soi, il doit être négocié avec toutes les parties en conflit.

Comment en est-on arrivé à cette situation ?

Des groupes armés se disputent le territoire de ce pays depuis la chute de Siyad Barré en 1991. La guerre a entraîné des pénuries alimentaires récurrentes, la dernière en date ayant eu lieu en 2011. De nombreuses armées étrangères y ont également défilé.

Quel a été l’événement déclencheur de votre décision de partir ?

On peut davantage parler d’une succession d’événements. Le 29 décembre 2011, deux de nos collègues ont été assassinés à M