C’est devant la gare Ramsès, desservie par la station de métro Shahooda («martyrs»), que les manifestants cairotes se sont rassemblés pour un «vendredi de la colère», à l’appel de «l’alliance anti-coup d’Etat», emmenée par les Frères musulmans, deux jours après l’évacuation sanglante des campements pro-Morsi. Avant la révolution de 2011, cette station du Caire s’appelait Moubarak. Son changement de nom était un hommage aux victimes des dix-huit jours de révolte et se voulait porteur d’espoir, celui d’une ère nouvelle où l’on parlerait des martyrs au passé. Cela est désormais lointain et le mot est de nouveau sur toutes les lèvres après la mort de près de 600 personnes, mercredi.
Tête de mort. Durant la grande prière, sur le terre-plein faisant face à la gare, le muezzin a la voix qui chevrote lorsqu'il raconte avoir vu mourir un enfant de 5 mois. «Ô Dieu, venge nos martyrs», gémit le prêcheur. La foule reprend en chœur. Des milliers d'hommes prient à l'extérieur de la mosquée Fateh, sur un carton ou un journal. Dans la chaleur étouffante, sueur et larmes perlent sur leurs joues. A peine le rituel terminé, des hommes scandent avec colère : «Par notre cœur, par notre sang, nous vengerons nos martyrs.» Un immense drapeau représentant une tête de mort est déployé. Il y a sur la place de nombreux partisans du président déchu Mohamed Morsi, mais il y a aussi des représentants d'une troisième voie, ces militants d'inspiration i