«L' herbe légale remonte le moral», ont coutume de dire les adeptes du cannabis au Mexique. Les législateurs du district fédéral (l'agglomération de Mexico) les ont entendus : ils entament cette semaine un grand débat sur la légalisation de cette drogue, qui culminera en septembre par l'organisation d'un forum international. Un projet de loi sera soumis à l'assemblée régionale, dominée par le gauche, pour que Mexico, la ville la plus progressiste d'Amérique latine - l'avortement et le mariage homosexuel y sont légaux -, soit le premier Etat du pays à réguler l'usage du cannabis. Le maire, Miguel Angel Mancera, y est favorable, alors que le président, Enrique Peña Nieto, s'y oppose.
Dans un pays où plus de 70 000 personnes ont perdu la vie dans la guerre entre cartels de narcotrafiquants depuis 2006, le débat sur la légalisation charrie plus d'émotions que d'arguments. «On ne peut pas autoriser la consommation alors que nous vivons sous les balles et que nos rues sont couvertes du sang des Mexicains. C'est inacceptable !» a ainsi affirmé Edgar Elias Azar, le président du tribunal de justice du district fédéral. A l'opposé, l'ancien chef d'Etat Vicente Fox défend avec ferveur la légalisation qui, d'après lui, «sauverait le Mexique du piège de la violence». «Une industrie légale du cannabis ôterait des millions de dollars aux criminels et remplirait les caisses de l'Etat», proclame celui qui s'est dit prêt à cultiver du chanvre dans son ranch