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Libération

Al-Sissi face à son destin

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Le général a beau être responsable des tueries de ces derniers jours et avoir un parcours jalonné de zones d’ombre, il n’en est pas moins perçu comme l’homme providentiel par nombre d’Egyptiens.
publié le 18 août 2013 à 21h06

Le général Abdel Fatah al-Sissi est nulle part et partout à la fois. Fidèle à sa réputation d’homme de l’ombre, celui qui n’est encore «que» chef des armées et ministre de la Défense fuit les caméras. Si son portrait n’ornait pas la devanture des magasins, n’était pas présent à chaque coin de rue, on en viendrait à oublier que, derrière ses lunettes Ray-Ban et sous sa casquette, c’est lui qui tient les clés de la boutique Egypte. D’une main de fer. Sans exprimer la moindre émotion, le 3 juillet, ce général de 59 ans a lu le communiqué destituant Mohamed Morsi. La nuit qui a suivi, dans tout le pays, la foule a crié son nom. En exhortant les Egyptiens à descendre dans la rue pour lui donner un mandat afin de lutter contre la violence et le terrorisme, le 26 juillet, il a accepté d’endosser le costume de sauveur de la patrie, ainsi que l’y invitait la rue. Au risque d’en devenir le fossoyeur.

Mythe. En optant pour la méthode forte afin de faire taire la contestation islamiste, Al-Sissi a redonné espoir à de nombreux Egyptiens, épuisés par deux ans et demi de chaos ou frustrés par les errements de la révolution. L'espoir d'une nation de nouveau réunie et fière, marchant derrière son guide vers des lendemains glorieux.

Ce faisant, le nouvel imperator a réveillé le fantôme de Gamal Abdel Nasser, mais aussi les instincts les plus vils de la population, en excitant la haine contre tous ceux qui viendraient perturber ce projet. Et d'abord l'ennemi