Deux fillettes inanimées dont le père soulève et secoue tour à tour les corps en pleurant et en hurlant devant la caméra. L’image de l’une des premières vidéos diffusées hier à l’aube par l’opposition syrienne accusant le régime d’une attaque chimique massive suscite d’abord l’incrédulité. Comment écarter la possibilité d’une mise en scène ou d’une provocation le jour même où les inspecteurs des Nations unies chargés d’enquêter sur l’usage des armes chimiques en Syrie finissent leur premier petit-déjeuner à l’hôtel Four Seasons de Damas ? Puis les témoignages et les images qui affluent toute la matinée dissipent peu à peu les doutes.
Des dizaines de corps sans une goutte de sang gisent alignés sur le sol dans les hôpitaux de fortune des localités de la Ghouta orientale, dans la banlieue de la capitale. Des enfants, des hommes et quelques femmes - plus rarement filmées - auraient été atteints dans leur sommeil par des gaz toxiques, chargés sur des obus tirés depuis le mont Qassioun qui surplombe Damas.
«Ils sont tombés comme des mouches. Logiquement, puisqu'il s'agit d'un puissant pesticide», dit le docteur Khaled (1) qui dirige un centre médical de la ville de Douma, tout près des zones touchées. Sans pouvoir affirmer formellement qu'il s'agit du sarin, le médecin signale que tous les symptômes constatés chez les victimes sont ceux généralement provoqués par ce gaz prohibé. «Ralentissement du rythme cardiaque jusqu'à l'arrêt total en quelques minutes, étouffements