Il avait tout pour lui. Etoile montante du régime, il aurait pu un jour diriger la Chine. Membre du cercle fermé du Politburo, Bo Xilai siégeait parmi les 25 hommes les plus puissants du pays. Enfant du sérail communiste, désormais âgé de 64 ans, Bo, dont le procès s'ouvre aujourd'hui devant la Cour intermédiaire de Jinan, dans la province du Shandong (est du pays), était aussi l'une des rares personnalités politiques chinoises à dégager un certain charisme. Il avait été nommé «homme de l'année» en 2009 par le Quotidien du peuple. «Tes yeux sont comme deux lames dans la lumière froide / droit face au mal, tu pourfends la corruption / à la simple évocation de ton nom, les prévaricateurs tremblent de tout leur corps…» disait une chanson composée à sa gloire il y a deux ans, alors qu'il occupait encore les fonctions de chef du parti de Chongqing, la plus grande municipalité de Chine (30 millions d'habitants).
Sa tonitruante campagne anticriminalité avait été saluée en 2010 comme une «victoire indiscutable» par Xi Jinping, l'actuel président chinois. Son «modèle de Chongqing», alliant rhétorique néomaoïste, chansons révolutionnaires, réduction des inégalités, développement effréné et construction à tour de bras de HLM, était encensé par la presse officielle. Sa chute n'en est que plus retentissante. Elle constitue l'un des scandales politiques les plus importants depuis les événements de Tiananmen, en 1989. Inculpé fin juillet d'«a