En 1999, Poutine était un inconnu, officier du KGB devenu homme de paille des oligarques qui menaient alors la danse en Russie. Treize ans plus tard, son image oscille entre celle du tsar tout-puissant et celle du dirigeant indéboulonnable à la Brejnev. Il a placé ses proches aux postes clés du gouvernement et dans les principales compagnies énergétiques. Son éphémère dauphin, Dmitri Medvedev, semble prendre le chemin des oubliettes. Ses opposants sont toujours plus pourchassés. Difficile de l’imaginer finir sa vie autre part qu’à son poste… même si les jeux de pouvoir du Kremlin sont loin d’être aussi simples, comme l’explique Andrei Soldatov, spécialiste des services secrets russes et rédacteur en chef du site Agentura.ru.
En 2006-2007, des rumeurs affirmaient que Poutine voulait abandonner le pouvoir. Serait-ce encore possible aujourd’hui ?
Oui, c’est vrai, on disait qu’il hésitait à violer la Constitution pour briguer un troisième mandat consécutif. Poutine ne voulait apparemment pas entrer dans la catégorie des dictateurs, comme Alexandre Loukachenko en Biélorussie, il voulait absolument rester légitime. Il a mis beaucoup de temps à se décider à redevenir président, il a hésité jusqu’en 2010 environ. Il aurait alors pu partir la tête haute, en assurant sa réputation et sa sécurité. La situation est plus aujourd’hui. Il a franchi le Rubicon. Il ne partira pas, sauf coup d’Etat ou révolution, ce qui m’apparaît peu probable.
Que se serait-il passé s’il avait disparu en 2010 ?
Il n’y aurait pas eu ces grandes manifestations à Moscou. Medvedev serait resté président et l’élite libérale, qui manifeste contre Poutine, aurait été absorbée par le pou