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Chambre à part

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Rewind. Cet été, «Libération» transforme l’Histoire en fictions. Un certain KL remplace DSK au chevet de Nafissatou Diallo. Moins dure sera la chute.
Nafissatou Diallo en décembre. (Photo Emmanuel Dunand. AFP)
publié le 22 août 2013 à 19h06

Elle est fatiguée mais elle ne peut s’empêcher de sourire. De sa main gauche, elle caresse le cuir du canapé rouge tout neuf qui trône au milieu de son appartement. Nafissatou garde les yeux fixés sur l’océan qu’elle aperçoit à travers la baie vitrée et se pincerait presque pour y croire. Comment aurait-elle pu jamais imaginer se trouver là ? Dans un duplex avec vue sur la mer à Greenwich, Connecticut, l’une des villes les plus riches de la côte Est des Etats-Unis. Il y a dix ans à peine, elle n’était qu’une pauvre immigrée guinéenne débarquée à New York avec sa fille et sans grand projet d’avenir. Aujourd’hui, elle a sa marque de vêtements (ND, pour New Dream), un magasin au cœur de la Cinquième Avenue, et elle a même un chauffeur privé qui la reconduit le soir chez elle en limousine. Longtemps, elle s’est posé la question de s’offrir un condo à Manhattan, mais elle a préféré se poser à Greenwich. Ici, c’est plus tranquille, elle peut se ressourcer, et tenter de saisir la portée de ce qui lui arrive.

Rois. Tout cela n'aurait pas été possible sans cette fameuse rencontre, deux ans plus tôt au Sofitel de New York. C'était le 14 mai 2011, un samedi, elle s'en souvient comme si c'était hier. Il aura suffi d'un petit homme aux cheveux blancs venu de Paris pour que son destin bascule. Il aura fallu un petit coup de pouce du destin aussi, mais ça, elle y a toujours cru. En Guinée, on croit à la chance, et on sait la saisir quand elle se présent