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Analyse

Un carnage, plusieurs guerres

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Le conflit s’est multiplié à mesure qu’arrivaient, des deux côtés, les combattants étrangers.
publié le 22 août 2013 à 23h26

Peut-on encore parler de «révolution syrienne» ? Peut-on encore dire que les événements actuels en Syrie traduisent la lutte d’un peuple aux mains nues contre une dictature ? Si l’on considère les trois slogans des révolutionnaires - «non à la violence», «non aux ingérences extérieures», «non au communautarisme» - pour lesquels sont morts, à partir de mars 2011, des dizaines de milliers de Syriens en affrontant l’armée de Bachar al-Assad, force est de constater qu’ils sont périmés. Désormais, à voir les vidéos sur le Net, on torture et on exécute dans les deux camps, et il est stupéfiant de constater que ceux qui dénonçaient les atrocités du régime ont recours aux mêmes pratiques. Les ingérences étrangères, elles, se sont généralisées. Et l’épuration communautaire est en cours dans nombre de régions.

D’où ce constat : ce n’est plus une révolution qui se déroule en Syrie. Celle-ci a d’abord muté en guerre civile, ce qui était inévitable dès lors que des soldats désertaient pour rejoindre l’insurrection, et que celle-ci prenait les armes. Puis, conséquence des divers pays et mouvances venues s’y livrer bataille - directement ou non -, elle aussi devenue une guerre pour le contrôle de la Syrie, déclinée de plusieurs façons : guerre froide régionale où l’Iran et ses alliés affrontent l’Arabie Saoudite et les siens ; guerre religieuse dont les deux fers de lance sont Al-Qaeda et le Hezbollah (l’un au nom de la cause sunnite, l’autre de la cause chiite) et, par proximité alaouite ;