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Libération
Reportage

Les vies sacrifiées de la Silicon Valley indienne

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A Bangalore, des centaines de jeunes se suicident chaque année, victimes d’une société de plus en plus individualiste et ultracompétitive.
publié le 25 août 2013 à 21h16

Ce matin-là, les voyageurs patientaient sur le quai de la station aérienne Mahatma-Gandhi. Lorsque le train est entré en gare, Vishnu, âgé de 16 ans, s’est jeté sur les rails. L’adolescent a été le premier cas de suicide dans le métro flambant neuf de Bangalore, ouvert l’an dernier. Sa mort a bouleversé la ville et remis en question la sécurité du métro. Pourtant, à Bangalore, capitale indienne de l’informatique en pleine croissance, les suicides sont un drame quotidien depuis une dizaine d’années. En 2012, 1 989 personnes se sont donné la mort, selon les statistiques officielles. Soit l’un des plus forts taux de suicide par habitant de toutes les grandes villes indiennes. Urbanisation frénétique, changement culturel brusque et ultracompétitivité sont des explications avancées par les chercheurs à ce phénomène inquiétant.

Autant de faits divers étalés dans les journaux, qui sont insupportables pour Rakhi Mukherji. Cette grand-mère de 57 ans est l'une des bénévoles de Sahai, l'unique ligne d'écoute téléphonique de prévention du suicide de la région. «Lorsque je lis ces histoires, je me sens tellement triste, je me dis que j'aurais pu aider ces gens», se lamente-t-elle.

Fossé. Chaque semaine, elle assure la permanence gratuite de Sahai, hébergée dans un centre pour la santé mentale du quartier nord de Frazer. Créé il y a huit ans par un membre du Rotary club, qui rencontrait lui-même des problèmes personnels, ce service d'écoute com