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Libération
TRIBUNE

Manning, Snowden ou l’espionnage à ciel ouvert

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publié le 25 août 2013 à 19h06

Manning condamné à trente-cinq ans de prison, le directeur du Guardian forcé de détruire les documents Snowden sous l'œil d'un émissaire du Premier ministre britannique, ou encore le compagnon du journaliste de confiance de Snowden retenu neuf heures par la police britannique, en vertu d'une loi antiterroriste : à chaque jour son nouvel élément de ce feuilleton de l'été, que l'on pourrait appeler les Etats contre les lanceurs d'alerte. Etrange feuilleton, devant lequel on ne parvient pas à frissonner tout à fait, tant le scénario bascule parfois dans le burlesque. Ainsi de l'épisode de la destruction des disques durs du Guardian. Or donc, le directeur du journal en pointe dans les révélations sur l'espionnage américain, Alan Rusbridger, est convoqué par un proche du Premier ministre britannique, lequel lui dit en substance : «Vous vous êtes bien amusés, vous avez lancé le débat que vous vouliez lancer, maintenant il faut détruire les documents en votre possession.» S'ensuit une séance surréaliste d'autodafé des disques durs des documents Snowden, dans les locaux du journal, devant l'envoyé spécial du gouvernement. Alors que des copies de ces données ont été effectuées, sont en sûreté à l'étranger, et que chacun des participants à la scène le sait bien sûr.

Chacun a ses raisons d’avoir impulsé l’épisode. David Cameron s’en défendra en expliquant qu’il ne pouvait pas se désintéresser de voir ces documents rester sur un serveur non sécurisé. Et Rusbridger dit q